Des chercheurs de l’Institut de cardiologie de Montréal démarrent une étude à grande échelle visant à tester un médicament appelé colchicine contre la détresse respiratoire causée par la COVID-19


Il se trouve déjà sur les tablettes des pharmacies de partout sur la planète, coûte moins de 1 $ par jour et pourrait empêcher les complications graves de la COVID-19. Des chercheurs de l’Institut de cardiologie de Montréal démarrent une étude à grande échelle visant à tester un médicament appelé colchicine contre la détresse respiratoire causée par la COVID-19.

Dr Jean-Claude Tardif

« On n’a littéralement pas dormi depuis six jours. Honnêtement, je pense que ça ne s’est jamais vu dans l’histoire, une étude clinique qui s’organise comme ça. Ce qu’on fait là prend habituellement six mois, on l’a fait en six jours. C’est absolument extraordinaire de voir la mobilisation des employés, des entreprises et des gouvernements », lance le Dr Jean-Claude Tardif, directeur du Centre de recherche de l’Institut de cardiologie de Montréal (ICM).

La colchicine est un anti-inflammatoire qui vise le système immunitaire et qui est déjà commercialisé contre quelques maladies, dont la goutte, cette forme d’arthrite inflammatoire qui s’attaque au gros orteil. Le Dr Tardif et son équipe ont de bonnes raisons de croire que ce médicament pourrait empêcher les patients atteints de la COVID-19 de développer ce qu’on appelle des « tempêtes inflammatoires majeures », qui empêchent les patients de bien respirer et peuvent causer la mort. Si les scientifiques remportent leur pari, le taux d’hospitalisations et les morts liés à la maladie chuteraient, diminuant la crainte de voir les unités de soins intensifs surchargées comme c’est le cas actuellement en Italie.

« Je n’ai pas de preuve que ça va marcher. Mais si ça marche, et je conviens que c’est un gros si, on peut rêver. Si vous ne craignez plus, ou beaucoup moins, les complications sévères de la COVID-19, ça change tout. On n’a plus besoin d’enfermer les gens et de les mettre en quarantaine. On se retrouve devant une maladie somme toute banale. Ça vient de transformer le tableau mondial instantanément », dit le Dr Tardif.

Une étude clinique en mode express

Pour vérifier le potentiel de la colchicine, l’Institut de cardiologie de Montréal lance une étude clinique comme on n’en a sans doute jamais vu. Objectif : recruter le plus rapidement possible, ici au Canada, 6000 patients atteints de la COVID-19 et à risque de développer des symptômes graves. La moitié recevront le médicament et l’autre, un placebo. Une ligne téléphonique, fonctionnelle dès 7 h ce lundi matin, a été créée pour recevoir les appels des patients.