Un nouveau pôle d’innovation à Québec: un plan de relance prend forme pour Medicago


NAMUR, Belgique - 25 avril, 2023 | Il n’y aura pas un repreneur unique pour les installations de Medicago, mais plutôt la création d’un pôle d’innovation, et la Ville de Québec pourrait s’inspirer de Namur pour y attirer des entreprises. 

Le maire de Québec, Bruno Marchand, l’a confirmé, en entrevue dans la ville belge de Namur, où il a passé la journée d’hier.

Il y a effectué une série de visites qui lui auront permis de s’inspirer pour le modèle qu’on veut voir se développer dans et autour des installations de la biopharmaceutique du secteur D’Estimauville.

Depuis l’annonce de l’arrêt des activités de l’entreprise appartenant à la japonaise Mitsubishi, en janvier, les gouvernements cherchent des solutions pour la reprise.

«Moi, mon avis aujourd’hui, c’est qu’il n’y aura pas un repreneur qui va dire: “Moi, je vais reprendre Medicago et je vais faire la même chose”», confie le maire de Québec.

«Le grand terrain à D’Estimauville, ce qu’il faut faire, et c’est ce qu’on travaille avec Québec International (QI), l’Université Laval et plein de partenaires, on travaille à créer là un immense lieu d’intérêt pour l’innovation. Pour faire en sorte de commercialiser des pratiques qu’on a déjà. On travaille avec le gouvernement du Québec et du Canada.»

Ainsi, l’objectif est de permettre un tremplin pour des entreprises qui s’y installeraient.

On veut y consacrer les créneaux des sciences de la vie et de la santé durable, encourager un modèle d’économie circulaire et bien desservir par le transport collectif et actif.

Modèle de Namur

À Namur en Belgique, le maire a visité une agence de développement territorial, le Bureau économique de la province (BEP), qui gère des parcs industriels.

Il a particulièrement apprécié le modèle du BEP, qui choisit les entreprises qui s’établissent dans les parcs, en fonction des créneaux qu’on souhaite voir s’y développer.

Avec l’espace limité et l’intérêt manifeste des sociétés à s’y établir, «on a fait d’une contrainte une force», a commenté le bourgmestre de Namur, Maxime Prévot. Un modèle que Québec veut reproduire dans ses espaces industriels, dont celui de Medicago.

Quitte à, comme Namur, conserver les terrains qui sont propriété de la Ville, mais les louer par des baux emphytéotiques, afin de s’assurer que les vocations qu’on veut voir s’implanter demeurent dans le temps.

Montage à ficeler

Pour Medicago, le montage financier reste à ficeler, indique M. Marchand. 

Carl Viel, PDG de QI, qui accompagne le maire en mission, note que les démarches vont bon train. Il souligne cependant que le tout doit ultimement être entériné par Mitsubishi.

«Ça avance positivement. Après, la première chose, c’est à Mitsubishi d’accepter [le plan de relance]. L’autre élément, c’est que le gouvernement du Québec et du Canada ont aussi des sommes qu’ils ont prêtées. Ça fait partie aussi des négociations.»

Le maire Marchand est arrivé hier soir à Bruxelles, où il rencontre en compagnie de QI des entreprises belges qui souhaitent explorer le marché de Québec.

MARCHAND N’A PAS L’INTENTION DE «CONTRARIER» LES CITOYENS

Bruno Marchand n’a pas l’intention d’écouter le conseil de son homologue de Namur et de «contrarier» les citoyens pour aménager des rues piétonnes à Québec.

«On a besoin pour réussir la transition d’accepter de contrarier sa population», avait affirmé au Journal Maxime Prévot, bourgmestre de Namur, au sujet de la piétonnisation d’une partie de sa ville. Un conseil que le maire de Québec choisit de ne pas appliquer. 

Pas de cette école

«Je ne suis pas de cette école-là. Et ça ne veut pas dire qu’il a tort», a exprimé M. Marchand, hier. Mais il dit préférer de son côté user de pédagogie et d’écoute. 

Le meilleur exemple de son approche est selon lui l’apaisement des rues dans le Vieux-Québec. Un projet qui suscite des craintes, des doutes et des questionnements qu’il considère comme légitimes.

«Je n’ai pas envie de leur dire : je vais vous contrarier coûte que coûte et vous allez être heureux dans cinq ans.»

Autres quartiers

Il propose plutôt de présenter les objectifs de la Ville. Il répète que ce n’est pas unique au Vieux-Québec, mais que la même méthode sera appliquée dans les autres quartiers de la ville.

«Sinon, on n’aura jamais la capacité de concurrencer les Amazon de ce monde. Nos commerçants vont y perdre. Alors on va expliquer pourquoi on le fait, mais surtout comment on va le faire avec eux. Et c’est ce qu’on fait dans le Vieux-Québec.»

Il promet d’écouter les citoyens et de corriger les erreurs. «On va le faire ensemble, mais il faut le faire.» 

LE MAIRE CRITIQUE LA SORTIE DE POILIEVRE

Bruno Marchand estime que Pierre Poilievre a tort d’opposer l’automobile et le transport en commun sur la question du troisième lien. 

Le maire de Québec a réagi à la sortie du chef du Parti conservateur du Canada, qui avertit qu’il ne mettra pas un sou dans un tunnel réservé au transport collectif et qui dénonce la «guerre à l’auto» menée selon lui par «les libéraux et la gogauche du Plateau-Mont-Royal».

M. Poilievre fait «une politique de niche et s’adresse à une petite quantité de personnes», ce qui nuit aux défis collectifs, selon M. Marchand.

«Quand on oppose les voitures aux transports collectifs, on fait fausse route. [...] Je ne pense pas que ça nous aide à avancer.»